Actualités

groupe visiteurs verger

Rencontre autour des écosystèmes vergers

A l’initiative des Croqueurs de Pommes du Nord Meusien, une vingtaine de personnes se sont réunies ce samedi 4 juillet pour échanger sur les moyens à mettre à œuvre afin de créer et/ou de maintenir de la biodiversité au sein des vergers hautes tiges. Cette biodiversité est particulièrement utile car elle nous donne les moyens de ne pas devoir traiter.

Les participants ont eu l’occasion de visiter trois vergers dans le Nord Meusien. Le premier verger visité a été planté en novembre 2019 sur la commune de Breux 55600. Il contient 850 pommiers et poiriers haute tiges, d’une trentaine d’anciennes variétés de pommes et poires, sur des parcelles bio. Une haie d’un km sera implantée durant l’hiver 2020. Ce site a fait l’objet d’un article dans le dernier bulletin des Croqueurs.

Le second verger situé à Thonnelle est très ancien. Sur 1ha 40, une soixante de pommiers pratiquement centenaires sont entretenus par André Gérard. Les variétés n’ont pas encore fait l’objet d’une identification. La plupart de ces arbres, malgré leur grand âge, ont des troncs encore particulièrement sains. Le propriétaire replante depuis 3 ans des jeunes arbres pour régénérer le verger.

Le 3ème verger, situé à Thonne-le-Thil, appartient également à André Gérard. D’une surface 2 has, il est particulièrement biodiversifié. On y retrouve des pommes de variétés à cidre bretonnes greffées sur M106 et plantées il y a 26 ans, mais aussi des vieux pommiers HT, des cerisiers, des noyers… Il est entouré d’une haie dense et présente un aspect beaucoup plus sauvage, bien qu’entretenu. Il est le refuge de nombreux oiseaux : pic vert, chouette chevêche, pinson, mésange…. Il y règne une atmosphère particulière. Un rêve pour tout amateur de vergers.

Le choix des variétés

On choisira des variétés locales ou régionales, adaptées au terroir, et plus ou moins résistantes à la plupart des maladies de nos fruitiers. Le Centre Wallon de Recherches Agronomiques (CRAW) a édité des tableaux d’aide aux choix de variétés anciennes de pommes, poires, cerises et prunes, en fonction de leur sensibilité aux principales maladies. Pour les variétés locales, on se référera aux cahiers des Croqueurs de Lorraine. 

Les fruits à pépins étant pour la plupart autostériles, il est important de connaitre les groupes de floraison et les compatibilités entre variétés au niveau de la pollinisation lors de la plantation. Sur le site www.biodimestica.eu, on trouve des tableaux croisés définissant les pollinisateurs adaptés aux variétés choisies. Ces informations manquent souvent pour nos variétés très locales, mais plus on multipliera les variétés dans un même verger, plus on minimisera le risque de ne pas avoir de fruits. Le travail réalisé sur l’identification génétique des variétés dans le cadre du programme Corepom fournit également une mine d’informations. Dans le dernier bulletin des Croqueurs, des informations très intéressantes ont été publiées sur  la filiation de variétés très répandues dans nos vergers (Belle Fleur d’Argonne, Réau, Rambour d’hiver, Calville Rouge d’hiver….) ainsi que sur la qualité de leur pollen.

 

La plantation de haies biodiversifiées

Les haies servent de refuges, de nourriture et de lieux de reproduction pour les auxiliaires : oiseaux, pollinisateurs, insectes entomophages, …..  Ces aménagements permettent de renforcer le maillage écologique, de restaurer la biodiversité et de contrôler les ravageurs et maladies de nos fruitiers.  Les haies constituent des brise-vents efficaces, qui ont un impact sur une distance équivalente à 20 fois leur hauteur.

Pour assurer un développement rapide d’une jeune haie, il est recommandé de suivre quelques règles. Au cours de sa carrière et au-delà, notre vice-président, François Schenini, a été associé à la plantation de plus de 400 kms de haies, notamment en Champagne. Il insiste sur l’importance de réaliser un décompactage du sol et de planter sous bâche tissée ou plastique type vigne 80 microns. Une haie plantée selon ces règles se développe jusque 5 fois plus vite qu’une haie installée à la va-vite. On choisira également des espèces inféodées au milieu, tout simplement en observant les espèces naturellement présentes dans le milieu. Dans notre région, noisetier, sureau, charme, érable champêtre, ronce, viorne, fusain, alisier, cornouiller, etc… sont des essences de choix. On évitera des espèces exotiques telles que le Buddleia, jugé trop envahissant. Un participant signale également que le prunellier, très présent dans nos haies à l’état naturel, est l’hôte du bombyx, un ravageur de nos fruitiers. On évitera donc également de l’introduire dans une nouvelle plantation.

plantation d'une haie sous bâche tissée
Plantation d'une haie biodiversifiée en janvier 2019, sous bâche tissée

Nous recommandons également fortement la lecture des différents ouvrages publiés dans les années 70 par l’agronome Dominique Soltner, sur l’arbre et la haie. Ces documents ont été réédités à plusieurs reprises et ils contiennent des informations très pratiques et très complètes dans ce domaine.

Des aménagements favorables à la diversité systémique

Laisser des arbres sénescents ou morts sur pied constitue des refuges pour les insectes et les oiseaux cavernicoles. Sur le second verger, de nombreuses cavités dans les troncs des vieux pommiers portent le signe de la présence de ces oiseaux.

Dans le jeune verger, 18 perchoirs à rapaces ont été installés pour leur permettre d’avoir un lieu d’observation et protéger les axes des jeunes arbres. Alléger la population de campagnols terrestres demeure un objectif récurrent. Des nichoirs ont été fixés aux tuteurs des jeunes arbres pour assurer la présence d’oiseaux insectivores auxiliaires, malheureusement les bovins les font tomber. Ils seront fixés l’hiver prochain sur des essences forestières situés sur la périphérie du verger.

Installer des mares, tas de pierres, tas de branches, hôtels à insectes, bandes fleuries sont également efficaces : ils attirent hérissons, batraciens, reptiles, hermines et belettes, insectes entomophages. Sur les deux anciens vergers, nous avons pu constater la présence de ces tas de bois et tas de branches.

Le piégeage des campagnols

Dans nos régions, le campagnol terrestre et le campagnol des champs sont des ravageurs de nos vergers. Ils s’attaquent aux racines pour le premier et aux collets  des jeunes arbres pour le second. Ils peuvent faire des dégâts considérables dans les jeunes plantations. Les arbres doivent être plantés sous poche grillagée, type grillage à poules en maille de 13 mm maxi. Mais ces poches ne protègent les arbres que pendant 2-3 ans. Si on constate des infestations massives par les campagnols, il faut piéger, notamment à l’aide du piège de modèle « Topcat ». Le pâturage par des bovins perturbent les campagnols par les vibrations engendrées par leur piétinement. Les moutons sont moins efficaces à ce point de vue. Si le pâturage n’est pas possible, il faut maintenir une herbe rase durant toute la saison.  A noter que le campagnol terrestre ne sort pas fréquemment de ses galeries et est donc peu la cible des rapaces, contrairement au campagnol des champs.

piège topcat campagnol
Pièges topcat à campagnols

Lors de cette matinée très riche, d’autres points ont été abordés : les soins à la plantation, la restauration des vieux arbres, l’élimination des gourmands après une taille sévère, l’élimination du gui, etc…

De l’avis général, le partage d’expérience sous cette formule a été très apprécié des participants. Les échanges ont été nombreux, chacun repartant avec ce petit plus qui va l’aider dans sa démarche personnelle. Formule à reconduire.   –  T. Heins

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.